Depuis 1997, pour se conformer aux exigences de l’Union européenne, les tâches de gestion de l’infrastructure ont été séparées des tâches d’exploitation. Un « gestionnaire d’infrastructures » (GI) a été créé, RFF, tandis que la SNCF gardait la responsabilité de l’exploitation des trains. Or, RFF n’a jamais eu les moyens d’assumer les tâches qui lui incombaient, et les déléguait donc… à la SNCF. La branche de la SNCF chargée de faire la maintenance des infrastructures, SNCF Infra, emploie d’ailleurs quelque 35 000 agents, alors que RFF n’en emploie que 1500.
Le ministre souhaite mettre fin à cette « organisation incohérente », dans laquelle « celui qui a la responsabilité formelle de la gestion du réseau, RFF, n’a pas la capacité de l’exercer dans les faits. » La réforme ferroviaire à venir va donc « regrouper au sein d’une entité unique toutes les fonctions ayant trait à la gestion et à la maintenance du réseau. »
Des conséquences importantes sont attendues pour les territoires : le ministre espère que la création d’un pôle unique permettra de « mutualiser les compétences », de remédier « à de lourdes difficultés opérationnelles » et donc de mieux répondre aux missions de service public. Par exemple, la modernisation du réseau ferré bute aujourd’hui sur la complexité de l’actuelle organisation bicéphale du transport ferroviaire. « Trop d’acteurs interviennent, rendant difficile l’optimisation des travaux et des circulations », précise le ministère des Transports. L’unification pourrait permettre de mener à bien 1000 chantiers de modernisation par an, et « d’amplifier » le plan de modernisation existant.
Il reste à savoir quel sera le statut juridique et la forme sociale de cette nouvelle entité, que n’a pas précisé le ministre.
Un projet de loi portant sur la réforme ferroviaire pourrait être présenté à la fin du premier semestre 2013. Frédéric Cuvillier a confié une mission de réflexion à Jacques Auxiette, ancien maire de la Roche-sur-Yon et ancien président du Gart (Groupemenent des autorités responsables de transport), et Jean-Louis Bianco, ancien ministre des Affaires sociales.
En 2008, il a été nommé à la tête de l’Observatoire énergie environnement des transports (OEET). Il est également président du groupe opérationnel " mobilités, territoires et développement durable " du Programme de recherche et d’innovation dans les transports terrestres (PREDIT).
Il est par ailleurs l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont « Le calcul économique : dans le processus de choix collectif des investissements de transport »
- « le plan LGV du Grenelle butte surtout sur la fin d’une époque « .,
- « le modèle français du TGV, qui a fait ses preuves jusqu’à aujourd’hui, est basé sur des lignes de 400 à 450 kilomètres, soit deux à trois heures de trajet, avec deux grandes métropoles à chaque bout. Et un réseau en étoile, à partir d’une ville très attractive, Paris. »
- « les LGV vers Lyon, Nantes ou Strasbourg répondent à ce modèle révolu. Même les prolongements vers Bordeaux ou Rennes, dont l’intérêt n’est pas discutable, nécessitent des artifices, comme le recours à des financements publics-privés« .
- « Marseille-Nice, envisagé dans le Snit, le schéma national d’infrastructures de transport, relève même d’un délire absolu ! »
Marie-Line Meaux -spécialiste des lgv
28/10/2012 | "La place du tracteur est dans les champs, mais tant que nos territoires seront menacés nos tracteurs seront dans la rue", déclaraient les agriculteurs en colère
Les manifestants contre la LGV qui doit relier Bordeaux à l'Espagne, mais aussi contre l'aéroport de Notre-dame des Landes, n'ont pas été arrêtés par le froid mordant de ce samedi 27 octobre. 10 000 personnes selon les organisateurs, 3000 selon la police, ont défilé dans les rues de Bayonne jusqu'à la sous-préfecture, derrière plus d'une centaine de tracteurs, suivis par une quinzaine d'élus de communes des Pyrénées-Atlantiques qui portaient une banderole « Non à la nouvelle ligne ferroviaire, Pour la modernisation des voies actuelles ».
« Dans le Pays-basque nous sommes têtus ! », a lancé Alain Iriart, maire et conseiller général abertzale (nationaliste basque non inscrit) de Saint-Pierre d'Irube. Il s'exprimait devant la sous-préfecture au nom des élus manifestants. Il a dénoncé la grande vitesse comme étant une idée fallacieuse du progrès : « Le dynamisme des territoires ne va pas venir de la grande vitesse, mais de la volonté des gens à s'investir sur leur territoire. » Plus de 180 élus locaux avaient signé début octobre une pétition de 23 652 signatures d'opposants au projet.
La manifestation se tenait au lendemain d'une réunion de comité de pilotage du projet ferroviaire Grand sud-ouest à Bordeaux au cours duquel le préfet d'Aquitaine coordonnateur, Michel Delpuech, réaffirmait « vouloir veiller à la qualité des procédures et au respect du calendrier », dont les enquêtes publiques à l'été 2013 et la déclaration d'utilité publique fin 2014. Les axes grande vitesse Bordeaux-Hendaye et Bordeaux-Toulouse sont le prolongement de la LGV Tours-Bordeaux, dont le chantier a commencé début 2012, et qui doit mettre Paris à 2H05 de Bordeaux en 2017.
La manifestation est une réussite pour le Collectif d'associations de défense de l'environnement (CADE). L'appel, bien éclairé par l'opération spectaculaire sur la façade du conseil général des Pyrénées-Atlantiques par le groupe altermondialiste Bizi, a été suivi par des militants venus de toute la région. Dans la foule on pouvait entendre, entre autres slogans, « Un train pour aller au turbin, pas de LGV pour aller au musée. » Le porte-parole du CADE, Victor Pachon, appelait à la lucidité « de faire mieux et moins cher avec les voies ferrées existantes » tandis qu'Alain Iriart, représentant des élus basques, dénonçait « un projet de LGV de Paris à Madrid qui va contre le modèle de développement qui devait permettre d'assurer chez nous un maillage de Bayonne à Rodez.»
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