à la proposition d’aménagement foncier, agricole et forestier du département en lien avec la LGV Poitiers-Limoges.

 article du 3 mars 2016  À l'unanimité. Ayant été saisie par le conseil départemental à la suite de l'enquête publique relative à la proposition d'aménagement foncier, agricole et forestier par rapport au projet de LGV Poitiers-Limoges de la commission communale d'aménagement foncier (CIAF) de Bellac\Peyrat-de-Bellac, Corine Hourcade-Hatte, la maire de Bellac, a fait connaître son avis défavorable à travers une réponse argumentée, détaillée et efficace. Une justification approuvée par tous les élus municipaux de la majorité comme de l'opposition, Claude Peyronnet ayant même ajouté : « ce projet est une absurdité et sa réalisation condamnerait la région de Bellac ».

Bellac ne bénéficiera d'aucune retombée de la LGV

Concrètement, l'édile a expliqué que la commune est impactée par la déclaration d'utilité publique, puisque son territoire et son environnement sont touchés par les nuisances sonores et visuelles des travaux de cette ligne, qui auront des répercussions néfastes pour son économie touristique en lien avec sa vallée.

« Le franchissement en deux endroits du Vincou, classé en zone Natura 2000, ainsi que l'impact sur la faune, la flore et les chemins de randonnées touristiques revêt un caractère certain. La compensation proposée en conséquence dans le cadre de la LGV n'est que partielle, elle ne permet pas de pallier la destruction d'espèces végétales, voire animales, et aura une incidence sur le plan de l'écotourisme, que la ville de Bellac et tout le territoire du Haut-Limousin sont entrain de promouvoir, a détaillé la maire. De plus, la commune ne bénéficiera d'aucune retombée liée à l'exploitation de cette ligne, en l'absence de gare TGV sur son territoire et n'étant pas dans une périphérie immédiate de Limoges, qui en sera la seule bénéficiaire. Le Nord de la Haute-Vienne, qui ne sera pas desservi par la LGV voit menacer son réseau TER avec des gares fermées à l'horizon 2016\2017, avec des réductions du trafic et des cadencements par manque de personnel, vu l'entretien de son réseau et de son matériel roulant ».

Par ailleurs, la Cour des comptes a souligné qu'une étude de 2010 avait élargi la zone géographique d'intérêt de la LGV afin d'obtenir 840.000 voyageurs potentiels. La haute juridiction a estimé que cette LGV ne pourra fonctionner sans subvention qui pourrait aller jusqu'à 80 %, ce qui conforte l'absence de rentabilité du projet.

Martyriser le foncier agricole pour la LGV ?

« En outre, les modalités de financement déterminées à ce jour entre État, région et département interpellent l'ensemble des contribuables face à l'abandon du réseau routier. Faut-il martyriser le foncier agricole et forestier pour une LGV alors que l'infrastructure routière est le véritable besoin ? », s'est interrogée Corine Hourcade-Hatte.

Autant d'arguments pour bien prouver que cette desserte LGV n'a de raison d'être que si elle va de pair avec un désenclavement routier préalable, avec la RN 145 et la RN 147. Deux axes qui n'ont pas été retenus par l'État dans le cadre des aménagements du contrat État-région 2015\2020.

Et la première magistrate de conclure : « les effets territoriaux de la LGV n'ont de sens que s'ils sont couplés à d'autres infrastructures de réseau, permettant une diffusion sur l'ensemble du territoire. Le Nord de la Haute-Vienne est aujourd'hui éloigné de tous les centres de décision et souffre corrélativement d'un manque d'attractivité. »

Anne-Marie Muia