du 21-11-2016

 

Elle est morte et enterrée mais elle bouge encore ! La ligne ferroviaire à grande vitesse Poitiers Limoges a été tuée dans l'œuf par le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative française, c'était en avril 2016.

Il avait alors purement et simplement annulé la déclaration d'utilité publique (DUP), estimant que celle-ci faisait défaut au projet combattu depuis sept ans par le Collectif Non LGV Poitevin et la CRI.

 Une proposition de sortie de crise

 

Mais, mais, mais, depuis, la LGV continue à hanter les riverains. Il y a comme un parfum de revenez-y qui flotte dans l'air. 

Il y a d'abord eu les déclarations d'un Président de la République ménageant le Limousin en assurant que le projet pourrait être remis sur la table en revoyant un peu la copie. 
Il y a aussi ces dossiers concernant le projet de déviation de la RN 147 à Lussac-les-Châteaux qui prennent en compte la contrainte d'une LGV Poitiers Limoges pourtant juridiquement enterrée en avril. 
Il y a encore ce courrier de la préfecture de la Vienne, datant de juin, qui répondait au Collectif et aux maires concernés par le projet annulé sur la question de la mise à jour de leurs documents d'urbanisme prenant en compte le passage de la ligne. 
Il laisse planer un doute. « Néanmoins, à ce jour, la décision du gouvernement d'abandonner ou non le projet de LGV Poitiers Limoges n'est pas encore intervenue », indique le courrier préfectoral laissant aux maires le soin de faire ce qui leur semble bon !
La LGV annulée revient donc comme un fantôme, gelant projets et initiatives locales. Une situation intolérable pour le Collectif poitevin : « On continue à laisser planer cette idée, pour ne fâcher personne, surtout en Limousin », estime Nicolas Bourmeyster son président. « Dix à quinze mille personnes sont touchées. » 
Le président de la Coordination des riverains impactés (CRI), Marcel Bayle, vient d'éditer un livret de 88 pages, « Les riverains du chemin de fer fantôme » (1) pour dénoncer cette situation aberrante et proposer une porte de sortie aux politiques de tout bord. 
Ils sont invités à signer pour Noël une déclaration d'abandon du projet, histoire de clarifier enfin la situation. 
Il soumet aussi aux parlementaires une proposition de loi visant à obtenir, lorsqu'une DUP est annulée, l'annulation de fait, et en cascade, de tous les actes liés à ce projet. Une proposition qui vise à dissiper un flou qui leur semble aujourd'hui savamment entretenu. 
« On n'a sans doute pas assez expliqué ce que représentait l'annulation de la DUP en avril », concède Nicolas Bourmeyster. « Tout est fini, ce projet est mort. Et, s'ils veulent en refaire un, ils doivent tout reprendre de zéro, il y en a pour des années. » 
Taquins, les membres du Collectif et de la Coordination, se demandent s'ils ne vont pas susciter des dépôts de permis de construire dans des zones où le doute persiste dans les documents d'urbanisme sur l'impact de la défunte LGV pour que la justice administrative puisse être saisie et se prononce avec comme jurisprudence en or, l'annulation de la DUP par le Conseil d'État. Histoire de tuer le fantôme…

(1) Disponible en écrivant à : CRI, Étang du Picq, 87510 Peyrilhac. Joindre un chèque de 4 € (prix du livre) et 2,80 € pour l'affranchissement.

E.C.